Le chanteur �tait � Forest samedi | |||
Si on estime qu'� 55 ans, sans promotion ni nouvel al- bum, quinze mois apr�s son dernier passage en ce m�me endroit, Dylan attire encore, sur son seul nom, plus de quatre mille personnes, on dira que la salle, Forest-National, � configu- ration exclusivement assise sa- medi soir, �tait � moiti� pleine. Si on se rapelle que l'an der- nier, Dylan a vis� la nouvelle g�n�ration avec con "MTV Un- plugged", on dira en fonction de l'�ge du public pr�sent, que le p�re Bob s'est produit devant une salle � moiti� vide. De toute fa�on, il s'en fout le Zim. cela fait longtemps qu'il n'en fait plus qu'� sa t�te. Cela fait six ans maintenant qu'il nous a livr� son dernier album enti�rement con- stitu� de nouvelles chansons ("Under the Red Blood Sky"), pr�f�rant, sur disque, revenir aux sources folk de sa musique (deux albums en hommage aus chants traditionnels) et surtout se produire inlassablement sur sc�ne dans un "never ending tour" insensible aux r�gles de |
marketing en vigueur dans le monde moderne de la musique. Il �tait bien marqu� 21 h 30 sur le ticket, Dylan ne s'est donc offert qu'un petit quart d'heure acad�mique au moment de monter sur sc�ne � dix heures moins quart, estimant qu'une premi�re partie n'�tait pas n�- cessaire (de "guest" promis sur ce m�me billet, il y en eut point). Mais pour une entr�e sur sc�ne, elle fut r�ussie. On ne se souvient pas avoir d�j� vu maes- tro Zimmerman dans un ensem- ble blouson et pantalon serrant couleur aluminium. De plus en plus extra-terrestre, notre excel- lence! Pas de chapeau, pas de guitare, juste son micro et son harmonica pour quelques petits pas avant d'ouvrir une premi�re salve �lectrique de trente-cinq minutes avec le tr�s religieux "Segnor" issu du plus que moyen "Saved". Si l'an dernier, Dylan s'�tait tenu aux ann�es 60 et 70 de ses meilleurs mo- ments, l� on a droit � quelques curiosit�s surprenantes comme le "Silvio" issu de l'anecdotique "Down In The Groove" de 88. Heureusement que le traitement |
Plus musical que dramaturgique. bien �nergique, � l'excellente diction soutenu par une sono plus qu'honn�te, rend l'ensem- ble assez costaud. On en vient � des choses plus s�rieuses avec la tranche suivante, acoustique celle-l�. "Tangled Up In Blue" et "Don't Think It Twice, It's Al- lright" (des habitu�s) maintien- |
nent la tension (l'attention?) avant la troisi�me tranche � nou- veau �lectrique. Mais est-ce le d�tachement dans l'interpr�ta- tion ou le choix trop uniforme des morceaux dans un carcan sonore bien pr�cis qui est res- ponsable de ce constat mais on a du mal cette fois � vibrer. Le groupe n'est certes pas en cau- se : John (Jay Jay) Jackson � la guitare vigoureuse, Bucky Bax- ter � la "steel", Winston Watson aux drums et Tony Garnier � la basse sont au diapason avec le ma�tre qui ne s'amuse plus � les pi�ger. Il faudra attendre les rappels pour que Bob r�veille sont petit monde avec la version d�cal�e (d�ja pr�sente sur l'"Unplug- ged") de "The Time They Are A-Changin'" ou le final, salle �clair�e, du joyeux "Rainy Day Women � 12 & 35" que Dylan joue plus qu'il ne chante. Un joli final pour un concert un peu p�p�re qui aura davantage con- vaincu par ses qualit�s strice- ment musicales que par son sens de la dramaturgie... THIERRY COLJON |
Le po�te rock a offert, samedi � Forest, un set
d�ouill� et essentiellement blues
Dylan en toute
simplicit�
BRUXELLES - " Qui peut le plus peut le moins. " Telle est la morale de cette nou- velle tourn�e europ�enne de Bob Dylan qui faisait escale, ce samedi soir, � Forest National. Sans nouvel album � promotionner, Mister Tambourine man aime se livrer � nu � ses fans (ils �taient un peu plus de trois mille samedi) en of- frant � l'occasion de ce nouveau p�riple un r�pertoire essentielle- ment blues et parsem� de seule- ment quelques classiques. Ce qui l'anime ? Difficile de le savoir... Depuis l'album studio World gone wrong, en 93, qui ne comprenait que des reprises blues, Dylan n'a cess� de tourner, tant aux States que dans cette Europe qui ne l'a jamais laiss� tomber. Apr�s un Greatest hits assez dis- pensable et un Unplugged, � nou- veau tr�s bluesy, capt� � New York en d�cembre 94 et sorti chez Sony en avril 95, on aurait pu s'attendre � quelque chose de diff�rent de la part de cet artiste qui adore brouil- ler les pistes. Apr�s trois morceaux, tout le monde a compris. Dylan a eu envie d'offrir un tour de chant � ses admirateurs comme on offre une r�compense � un gosse qui a bien travaill� � l'�cole. Ni plus ni moins. Avec simplicit� et un plaisir r�el... Le premier moment de magie est venu assez rapidement. Apr�s Drif- ter's escape et Sen�r qui ont per- mis � l'ing�nieur du son de d�jouer les pi�ges acoustiques de Forest, Dylan se laisse enfin aller � la guitare. Une intro m�connaissable de All along the watchtower (le titre pr�f�r� d'Hendrix) donne le v�ri- table coup d'envoi de ce concert. Dylan, qui n'a jamais �t� aussi maigre, ossupant les devants de la sc�ne sans trop se pr�occuper de ce qui se passait dans la salle ou derri�re lui. V�tu d'un pantalon en lycra argent� et d'une chemise de la m�me couleur, il se prom�ne, tel un funambule, sur un r�pertoire pl�thorique dont il exhume, au gr� de son inspiration, des perles m�lo- diques. |
Les temps n'ont pas chang�... S'il ne regarde pas trop le groupe qui l'accompagne, c'est qu'il peut lui faire enti�rement confiance. Winston Waston (un jeune fou furieux � la batterie), le grand Tony Garnier (basse et contrebasse), John Jackson (gui- tare) et Bucky Baxter (claviers et pedal steel) jouaient d�j� avec Dy- lan sur l'Unplugged ainsi qu'� Fo- rest lors d'un m�morable concert donn� l'ann�e derni�re. Ils connaissent parfaitement leur boss et le suivent sans jamais rater un accord. Pas d'esbroutfe, pas de solo superflu, pas d'intervention d�ma- gogique non plus... Ils sont l� pour assurer et ils assurent un maxi- mum. Shelter from the storm, I don't believe in you, Sylvio : les morceaux se suivent sans temps mort. Dylan �lectrique s'offre alors une r�cr�a- tion acoustique. Comme au bon vieux temps o� il balan�ait ses premiers protest songs dans les caf�s de Greenwich Village... Moins folks et plus bluesy, ses versions �pur�es de Tangled up in blue, Love minus zero/no limit ou encore Don't think twice, it's al- right n'en provoquent pas moins des �motions fortes, o� se m�lent � la fois la nostalgie et le bonheur du moment pr�sent. La seconde moiti� du set sera jou�e quasi en roue libre. Dylan se lib�rant dans des envol�es de gui- tare et des souffles �piques d'har- monica. Pour le plus grand bon- heur des fans... Trois rappels ach�- veront de convaincre les plus scep- tiques. Alabama getway, une su- perbe version de The times they are a-changin avec un solo kilom�- trique � l'harmonica et Rainy day women �tant les derni�res salves d'une joute sc�nique s�duisante sans �tre toutefois surprenante. Qui peut le plus peut aussi le moins qu'on vous disait... Luc Lorf�vre |
Bob Dylan se lance dans une tourn�e europ�enne juste pour le plaisir. Un plaisir qui �tait d'ailleurs au rendez-vous � Forest.
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